On a de ces moments affreux,
Des heures si découragées,
Où tout se tient hors de portée
Et prend un air fantomatique.
Avec angoisse, on sent rôder
A pas furtifs des peurs sauvages,
Et sur l'âme s'appesantissent
Des nuits centuples d'épaisseur.
Les appuis fermes se dérobent,
L'espoir n'a plus aucun objet,
Le tourbillon de nos pensées
Echappe à toute volonté.
Le vertige de la folie
Irrésistiblement s'approche.
Le pouls vital s'est arrêté
Laissant stupide chaque sens.
Mais la Croix, qui l'a érigée
En protection pour chaque coeur?
Qui est au Ciel, notre secours
Dans l'angoisse et dans la douleur?
L'Arbre de grâce, approche-le,
Ecoute en toi l'appel secret:
Une flamme en vient, qui se lève
Et dévore le mauvais rêve.
Sauvé, tu seras par un Ange,
A nouveau tiré sur la plage,
D'où tu contempleras, là-bas,
Tout joyeux la Terre Promise.
NOVALIS, Chants religieux